REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE
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Chaque semaine (ou presque), Mathieu
de Taillac, journaliste pour le célèbre journal espagnol
El País, livre en exclusivité sur EnEspagne.com
sa chronique de l'actualité espagnole. |
• 29.07.2006
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La presse espagnole a consacré ces derniers jours une
large part à une question relativement nouvelle pour
la société espagnole : l'immigration. L'afflux relativement
récent d'immigrés et ses conséquences est analysé différemment
selon les journaux.
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Mathieu de Taillac - Madrid
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"Plus d’immigrés
dans une Espagne esseulée"
Les chiffres officiels sont tombés
mercredi [26/07/2006, ndlr] : selon l’Instituto Nacional de Estadísticas
(INE, l’équivalent
de l’INSEE française), sur 44 400 000 habitants, l’Espagne
compte 3.883.000 étrangers, soit 8,70% de sa population. Les communautés
les mieux représentés sont, dans l’ordre, le Maroc,
l’Équateur et la Roumanie. Ces trois pays représentent
presque la moitié du total d’étrangers recensés
en Espagne. Les images des bateaux chargés d’africains arrivant
aux ports espagnols sont trompeuses : l’immense majorité des
migrants passe les frontières de la péninsule par les routes
et par les airs. Mais il est vrai que l’Espagne, longtemps exportatrice
d’émigrés, a connu avec la croissance et la modernisation
de ces 20 dernières années un afflux soudain d’étrangers.
Seul El País se permet un éditorial au titre résolument
optimiste : « La présence de travailleurs immigrés a des
effets positifs sur l’économie ». Le quotidien de centre gauche
défend la politique de régularisation du gouvernement socialiste
et s’en prend aux « mesquins » qui mettent en avant « l’accroissement
des dépenses en matière d’éducation et de santé ».
El Períodico de Catalunya, proche aussi des idées socialistes,
met en garde contre les craintes de la population espagnole : « On ne fera
jamais trop de pédagogie pour éviter les craintes entre populations
autochtone et immigrée », explique le quotidien barcelonais.
Toujours très critique de la politique de Zapatero, El Mundo voit dans
les dernières évolutions démographiques « un changement
trop rapide à cause d’un gouvernement qui attire les masses du tiers
monde » et reprend la guerre des chiffres créée par le Partido
Popular (de droite, le PP est le principal parti de l’opposition) : « Comme
l’a bien dit le PP, il est tout à fait possible qu’il y ait
en fait 1.600.000 immigrés clandestins », alors que le gouvernement
parle d’un million.
L’Espagne se sent seule face à l’immigration. Pays le plus
proche des côtes africaines, c’est la première porte d’entrée
des immigrants qui veulent passer de l’Afrique à l’Union
Européenne. Plus que le reste de la presse internationale, les journaux
espagnols ont suivi avec attention le dernier sommet de l’UE sur l’immigration.
Pour ABC, « Les pays de l’UE doivent additionner leurs force face à un
problème extrêmement grave ». Le journal conservateur a
son explication du manque de préoccupation de ses voisins européens
: « Le problème principal pour l’Espagne, c’est que
c’est l’un des pays les plus touchés par les arrivées
incontrôlées d’immigrés clandestins, mais elle souffre
encore du stigma d’avoir été l’un des pays les moins
solidaires » en accordant des papiers aux travailleurs immigrés.
Les quotidiens économiques se sentent tout aussi concernés par « un
problème prioritaire » (Expansión) face auquel « Nous
avons besoin de davantage de générosité » (El Economista).
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