Question à choix multiple à la mode galicienne : entre
le 4 et le 16 août ont brûlé en Galice…
a) 77.000 hectares
b) 86.232 hectares
c) 92.000 hectares
d) 180.636 hectares
Les quatre réponses sont admissibles, et s’opposent en
Espagne depuis une semaine. Si vous avez choisi a), vous êtes
d’accord avec la Xunta –le gouvernement régional
de Galice, dirigé par le parti socialiste PSOE et les nationalistes
du BNG-. Si vous avez opté pour b), vous opinez comme la Commission
européenne et son Système Européen d’Information
sur les Feux de Forêt. Si vous avez préféré l’option
c), vous vous fiez au Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique
(CSIC, l’équivalent espagnol du CNRS français).
Si enfin vous avez retenu la réponse d), vous faites confiance
au Partido Popular, le parti de la droite espagnole qui a perdu cette
région il y a tout juste un an, et qui reprend le calcul d’un
site web recompilant lui même des informations de la NASA…
Cette guerre des chiffres pourra sembler absurde à l’œil étranger.
Comme souvent en Espagne, il faut resituer la querelle dans son contexte
politique. La vague d’incendies qui s’est abattue sur la
Galice entre le 4 et le 16 août 2006 est la première crise
qu’affronte le gouvernement régional depuis l’arrivée
au pouvoir des socialistes et de leurs alliés nationalistes en
juin 2005, après 15 ans de règne du très conservateur –il
fut ministre du tourisme et de la propagande sous Franco- et aujourd’hui
octogénaire Manuel Fraga.
Le nombre d’incendies et les dégâts causés étant
considérables –en plus des quatre morts, même le
plus bas chiffre d’hectares brûlés en août
2006 est supérieur à celui de toute l’année
2005-, l’étendue du désastre et l’identité des
incendiaires deviennent des enjeux de la confrontation entre l’administration
régionale –seule responsable d’éteindre les
feux dans le très décentralisé État espagnol-
et son opposition.
Or il est clair que les feux ne se sont pas déclenché tout
seul, la grande majorité d’entre eux se trouvant à proximité de
villes et de villages, ce qui selon la police montre une intention
criminelle. Comme tous les ans, on désigne le spéculateur
immobilier qui veut construire sur la terre brûlée, le
pompier qui veut augmenter sa prime de risque, l’agriculteur qui
débroussaille
son champ, le marchand de bois qui veut s’approvisionner à moindre
coût, et bien sûr le pyromane pathologique.
Mais cette année d’autres thèses, politiques,
frisent la théorie du complot. Chez les socialistes, il y a des
militants qui croient fermement que derrière les incendies il
y a une volonté de nuire au Gouvernement régional. Du
côté des conservateurs, on rappelle que parmi la trentaine
d’incendiaires arrêtés, un seul a eu une expérience
politique, un homme de 49 ans, inscrit en 1999 aux élections
municipales d’un petit village, sur la liste du parti socialiste…