REVUE DE PRESSE ESPAGNOLE
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Chaque semaine (ou presque), Mathieu
de Taillac, journaliste pour le célèbre journal espagnol
El País, livre en exclusivité sur EnEspagne.com
sa chronique de l'actualité espagnole. |
• 09.07.2006 -
L'analyse des journaux espagnols au cours des jours
qui ont suivi le déraillement tragique du métro
de Valence ce lundi 3 juillet dernier. Selon le ministre
régional des Transports, ce métro qui
a déraillé dans un virage roulait à 80km/h
au lieu de 40km/h normalement.
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Mathieu de Taillac - Madrid
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"42 morts, 0
responsable "
Le déraillement du métro de Valence ce lundi 3 juillet
a causé 42 morts. C’est, pour ce type d’accidents,
le bilan le plus lourd de l’histoire de l’Espagne. Les quotidiens
espagnols ont publié des dizaines de pages tout au long de la
semaine pour tenter d’expliquer le drame et d’en tirer quelques
conclusions.
Le conducteur du métro faisant partie des victimes mortelles, c’est
l’examen de la boîte noire qui a permis de savoir que le train roulait à 80
km/h dans un virage dangereux, soit deux fois la vitesse autorisée. Le
levier de vitesse était enclenché à fond, ce qui a conduit
la compagnie de métro à penser que le machiniste s’est endormi
ou a subi un malaise.
Les abondants témoignages d’usagers habituels publiés par
les médias espagnols soulignent le mauvais état de la ligne 1 du
métro valencien ainsi que la fréquence des incidents. Si tous les
journaux s’accordaient à exiger une enquête approfondie sur
le drame, leurs positions sont bien différentes quant à la possible
responsabilité des pouvoirs publics.
Au lendemain du drame, tous les quotidiens nationaux demandent une enquête
dans leurs éditoriaux : « La tragédie de Valence exige une
enquête complète », titre El País. « Enquête
et solidarité », demande La Vanguardia. « Solidarité et
enquête », répond comme en écho El Periódico
de Catalunya. Le journal ABC, tout en jugeant que « l’urgence, c’est
d’abord de s’occuper des victimes », plaide également
pour « une enquête complète ». Seul El Mundo demande
déjà des comptes à l’administration régionale
(dirigée par le Partido Popular, de droite) et intitule son éditorial
: « une ligne [de métro] marquée par la polémique ».
Au fur et à mesure de la semaine, les deux journaux de droite, le conservateur
ABC et le sensationnaliste El Mundo, vont continuer seul à seul le débat
de savoir s’il faut s’en prendre aux pouvoirs publics.
«
C’est une grave irresponsabilité que de parler avant l’heure
de lignes de métro polémiques, en insinuant la négligence
de la Generalitat [le gouvernement régional] de Valence et en semant la
suspicion entre les citoyens », accuse ABC le mercredi. « La question
est de savoir pourquoi la Generalitat de Valencia n’a pas approuvé le
projet de modernisation de la ligne 1 il y a quelques mois, pourquoi elle a maintenu
en place un vieux système de sécurité incapable de palier à une
défaillance humaine », poursuit El Mundo. « Les critiques
contre [le président de la Generalitat, Francisco] Camps sont hors sujet »,
répond le lendemain ABC.
Samedi la presse espagnole parlait encore de Valence, mais pour saluer l’arrivée
du Pape dans cette ville, « une visite au milieu de la douleur »,
décrit El País.
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